Lilian J.
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In Amguel


Les essais nucléaires français en Algérie

Lors d'un vide grenier, j'ai déniché trois boites de négatifs Kodak, un peu défraichis dans leurs emballages jaunes... 

Bon, je me suis dit pourquoi pas, voilà des paysages désertiques type Sahara, avec des palmiers, un dromadaire... allez, il doit y avoir des photos intéressantes !

Quelque temps plus tard, j'ai pris un moment pour les scanner, et... surprise !

Il s'agit de photos prises par le personnel de la base de In Ecker, base dédiée aux essais nucléaires français !

Quelle occasion d'apréhender le quotidien de ces militaires, jeunes et en pleine forme, quotidien généralement soumis au secret le plus strict !

Quotidien dangereux également, car la radioactivité est très loin d'être sans danger... et certains le paieront de leurs vies, hélas.

Situons les lieux :

In Amguel est un petit village situé dans la région désertique du sud de l'Algérie, dans la wilaya de Tamanrasset, à proximité de la chaîne de montagnes du Hoggar. Bien que cette région soit peu peuplée et essentiellement connue pour sa beauté naturelle et ses montagnes volcaniques, In Amguel est également notable pour son rôle historique dans les essais nucléaires français.

Après la Seconde Guerre mondiale, la France, comme plusieurs autres grandes puissances, a cherché à développer son propre programme nucléaire. Pour ce faire, elle a choisi l'Algérie coloniale comme site pour mener une série d'essais nucléaires, en raison de son territoire vaste et désertique. Les essais nucléaires français en Algérie ont été effectués à deux endroits :

  1. Reggane dans le Sahara occidental, pour les essais atmosphériques.
  2. In Eker, près de In Amguel, pour les essais souterrains.

Essais nucléaires à In Amguel (In Eker)

À partir des années 1960, la France a commencé à utiliser le site d'In Eker, situé dans les montagnes de l'Hoggar près de In Amguel, pour ses essais nucléaires souterrains. Le choix de cette région était en partie dû à sa géologie favorable, avec des montagnes solides permettant de contenir les explosions nucléaires souterraines. Ces essais étaient censés être plus "contrôlés" et entraîner moins de retombées radioactives que les essais atmosphériques menés à Reggane.

Le 13 février 1960, la France a effectué son premier essai nucléaire atmosphérique à Reggane, surnommé "Gerboise bleue", avant de passer aux essais souterrains à In Eker à partir de 1961. Ce site est devenu le théâtre de nombreux essais nucléaires souterrains jusqu'en 1966.

Accident du test "Béryl" (1er mai 1962)

L'un des incidents les plus notables des essais nucléaires français à In Eker a été l'accident survenu lors de l'essai Béryl. Le 1er mai 1962, lors de cet essai souterrain, une explosion nucléaire a provoqué une fuite de matières radioactives dans l'atmosphère en raison d'une défaillance de la roche censée contenir l'explosion. Cela a entraîné une contamination radioactive qui a affecté non seulement la zone immédiate, mais aussi des régions plus vastes. Plusieurs ingénieurs, soldats et observateurs, dont certains membres du gouvernement français, ont été exposés aux radiations, ce qui a entraîné des conséquences sanitaires graves.

Impact sur l'environnement et la santé

Les essais nucléaires à In Amguel (In Eker) ont eu un impact durable sur l'environnement et les populations locales, même si la zone est peu peuplée. Bien que ces essais aient eu lieu dans une région éloignée et désertique, les retombées radioactives ont pu affecter les populations nomades et la faune de la région, de manière directe ou indirecte.

Après l'indépendance de l'Algérie en 1962, un accord entre la France et l'Algérie a permis à la France de continuer à utiliser les sites d'essais nucléaires jusqu'en 1966. Le dernier essai à In Eker a eu lieu le 16 février 1966. En 1967, la France a complètement démantelé ses installations d'essais nucléaires en Algérie et a déplacé son programme d'essais nucléaires vers l'atoll de Mururoa, en Polynésie française.

Héritage des essais nucléaires

Les essais nucléaires français en Algérie, en particulier à In Amguel et Reggane, sont aujourd'hui une source de controverse. Bien que la France ait reconnu les effets de ses essais nucléaires, le processus de décontamination et de réparation des dommages causés aux populations locales et à l'environnement a été lent. En 2010, une loi française (la loi Morin) a été promulguée pour indemniser les victimes des essais nucléaires, mais le processus reste critiqué pour sa lenteur et ses critères restrictifs.

In Amguel aujourd'hui

Aujourd'hui, In Amguel reste une petite localité. Elle est principalement connue pour son histoire liée aux essais nucléaires et pour sa proximité avec les montagnes du Hoggar, une région prisée pour ses paysages spectaculaires et ses possibilités de randonnée. Toutefois, les séquelles environnementales et sanitaires des essais nucléaires français continuent d'affecter la région, bien que la zone ait été fermée pour les essais depuis des décennies.

Voyons ce premier lot de photos, dans l'ordre des prises de vues...

En parlant de tourisme, il existait déjà dans les années 60... :

bon, on repassera pour les prises de vues interdites... il doit bien exister 10000 photos de ce panneau !

Lui, il s'en fout, en tout cas :

un jeune dromadaire, capé pour le désert, une vraie machine :

une mascotte ?

 

Le pays, hors de la base et de sa vie en coupe réglée :

les Dodges ont été longtemps utilisés après la guerre :

une vue générale de la base, le massif du Hoggar au fond :

le cinéma, son amphi, la cabine de projection :

de plus près :

bon, regarder les 3 heures du titanic là-dessus, fallait tenir, hein...

l'eau, vitale dans ces régions :

on devine bien l'aridité, il ne doit pas pleuvoir tous les  jours... pierrailles et poussière... :

petites portes basses et pas de fenêtres, pour laisser dehors la chaleur :

Voici l'un de nos militaires, en pleine pose :

on dirait bien un village au pied du massif... In Amguel ? :

l'autre militaire (on voit deux ombres sur les photos, ils sont sortis en binôme) et des locaux :

décorées ces maisons, pas de simple cases :

les jardins, et au fond toujours les montagnes :

pose devant les maisons basses vues ci-dessus :

une imposante jarre en équilibre sur la tête :

en tenue traditionelle, sabre au côté :

on dirait un sabre d'apparat, pas vraiment fait pour combattre... un attribut de pouvoir pour un chef ?

Voilà, nous sommes déjà arrivés au bout de la première pellicule, avec quelques jardins :

En conclusion, des photos de la base pour situer le décor, et le cadre est bien rendu par les images des alentours... un petit air de vacances, que la seconde pellicule se chargera de démentir... affaire à suivre !

A suivre !

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