Restauration d'un stylo plume Unic
J'apprécie beaucoup le stylo plume, c'est un bel outil d'écriture, sensuel et élégant.
Nul besoin de forçer, sur un bon papier, la plume glisse sans effort. Et souvent, elle est en or, matière noble par excellence !
Alors, en fouinant au fond d'une boîte de vide-grenier, je n'ai pas hésité longtemps pour celui-ci. En fait, il y en avait deux...
Occupons-nous d'abord d'iceluy.
Personne n'en a voulu, bien que j'ai vu d'autres personnes le manipuler... et pour cause : il manque la plume ! Rien au bout !
En plus il est vieux, un peu sale... tiens, marrant, c'est quoi le bouton noir au bout ? Il semble tourner... tournons...
Et voilà, la plume est bien là, sale, mais présente et nullement tordue !
Il s'agit en fait d'un stylo à plume rétractable, il suffit de tourner le bout, et la plume sort... ici, elle est bien bien sale, mais elle est en or 18 carats, ce qui est parfait : non pour le prix de l'or (2 euros ?), mais par le fait que rien ne l'a corrodée.
La marque "Unic" est lisible dessus, et sur le corps aussi (mais à la loupe, bien effacée).
Unic était une entreprise française, fondée en 1919 par MM. Kothe et Vannier.
En 1932, elle lance le duocolor, stylo-plume à deux couleurs. Une plume rentrait, l'autre sortait. Ce ne fut pas un énorme succès...
Pendant la guerre, période difficile, la commercialisation de plumes en or est stoppée (donc le mien doit dater d'avant guerre).
Après guerre, la qualité baisse, le plastique et les cartouches apparaissent... la compagnie fait faillite dans les années 60.
Quelques liens :
Le reste du stylo est en ébonite, du caoutchouc rendu rigide par l'ajout à chaud de soufre (vulcanisation). Avec le temps (et la lumière), l'ébonite se ternit, le souffre remontant. Ne reste plus qu'à poncer... ah, l'ébonite déteste l'eau... elle ternit sur le champ.
Bon, faut démonter la bestiole, car elle fuit, le joint est bon à changer. Alors, grâce aux conseils du blog de GG :
j'ai pu démonter l'ensemble sans casse... ouf ! D'abord, dévisser le bouton (chauffer au besoin), bien penser à sortir la plume :
Voilà, le mécanisme permettant de rentrer et sortir la plume est dehors. On va pouvoir bien le nettoyer, et surtout changer le joint sous le bouton.
Pour cela, encore un peu de démontage :
et l'on voit très bien entre les deux éléments du bouton de sortie de plume le petit joint en liège sec et fendu... pensez, le stylo date des années 30...
Une vue d'ensemble :
Et tant qu'à faire, autant bien nettoyer la section avec la plume, c'est le moment ou jamais !
Voilà, ne reste qu'a retailler un joint dans du caoutchouc, puis remonter l'ensemble... et le tester !
La plume gratte un peu, mais avec l'usage, elle s'adoucira... et j'améliorerais mon écriture, un jour.... !
Sinon, très beau stylo, avec une tenue en main particulière, dûe à l'ébonite. Cela sent un peu le vieux caoutchouc, aussi...
Le capuchon sera repoli afin de matcher avec le corps, qui lui s'en sort plutôt bien.
Et comment remplir ce stylo, au fait ? Il suffit de rentrer la plume, puis avec un compte-goutte (ou une toute petite seringue) on verse l'encre là ou se cache la plume, pas trop vite, et en essayant de ne pas massacrer la plume...
Long à décrire, facile et rapide à faire. Dans le mien, j'ai mis 3ml... la prochaine fois, je tenterais 4ml...
@ la prochaine !